[Rando] Tentative au Pic Faury

Publié le par Raph

P1040271.JPGNous y voilà. Les vacances, la fin des cours, le relachement de la pression emmagasinée durant toute l'année. Honnêtement je finissais par ne plus vraiment y croire.
Que cette semaine a été longue. Sachant que le week-end était synonyme de rando en montagne les minutes semblaient des heures, les heures des jours. Le travail ne m'a même pas laissé profiter des beaux après-midi ensoleillés pour aller grimper sur quelques falaises avoisinantes. Vous imaginez donc mon état vendredi soir au moment du coucher.

Départ fixé à 8h de Toulouse direction Ax les thermes au fin fond l'Ariège, ce petit département encore bien préservé. Le trajet se passe sans encombre jusqu'au parking situé à 1100m au fond des bois. Nous nous préparons à la voiture afin de se mettre en route : crème solaire, casquette, lunettes de soleil et nous ajustons les bretelles de nos sac à dos. Le départ de la rando est tranquille, il fait beau et tout le monde, 4 camarades d'université, est motivé et de bonne humeur. Nous sommes quasi seuls et effectuons tranquillement le trajet que j'avais déjà emprunter jusqu'au Pas de Balussière. Là, nous choisissons de faire une petite pause pour prendre notre repas et profiter du panorama toujours aussi exceptionnel (voir Pas de Balussière - 20 Avril 2010). Nous reprenons sans trop tarder la montée par un sentier bien marqué et croisons plusieurs personnes qui redescendent déjà du refuge. A chaque fois que je croise un groupe je me pose toujours des questions. Quel chemin ont-ils parcouru? Sont-ils des montagnards invétérés ou de simples promeneurs? Je les imagine tour à tour franchissant des crêtes impossibles ou marchant simplement dans les bois en observant les animaux. Certains, à leur rythme et leur équipement, sont tout de même facilement reconnaissables. Le GR7 monte dans un couloir constitué d'éboulis pour finalement arriver au bord du très joli lac d'En Beys. Le refuge n'est plus qu'à une centaine de mètres et nous pouvons apercevoir plusieurs personnes sur la terrasse devant l'entrée. Nous saluons l'âne qui garde l'entrée du refuge et libérons nos dos du poids de nos sacs après 2h45 de marche. Les gardiens nous acceuillent très gentiment, ils nous expliquent qu'ils sont en train de faire le ménage, que les couloirs sont encore humides et qu'il faudra patienter à l'extérieur. Tant mieux il fait encore beau et nous disposons de tables et de bancs. Nous apercevons même que le refuge dispose de bière et nous décidons donc de nous désaltérer tranquillement en observant les pêcheurs au bord du lac. L'ambiance est un petit peu agitée, en effet les gens qui sont là repartent et les gardiens de leur confirmer que des orages sont prévus pour la fin d'après midi. Il n'est que 14h30 mais, après cette annonce, nous sommes contents d'être déjà arrivés.

En effet, après avoir passé l'après midi à jouer aux cartes nous sommes contraints de nous réfugier à l'intérieur car les premières gouttes de pluie nous tombent dessus. La salle commune est spacieuse et des tables s'organisent. Nous voyons des gens courir pour arrvier le plus vite possible et éviter ainsi l'averse. Quelques instants plus tard c'est un véritable déluge qui s'abat sur le refuge et, alors que des éclairs zèbrent le ciel, des marcheurs finissent leur ascension sans se presser pour ne pas glisser. Ils sont de toute façon déjà mouillés. La luminosité dans la pièce est faible et nos organismes nous rapellent que, même si cette journée n'a pas été extrême, nous sommes tout de même bien fatigués.

Le repas est fameux. Manger quelque chose de chaud et en quantité est vraiment réconfortant. Nous partageons une bouteille de vin que nous avons transportée toute la journée et son goût n'en est que meilleur. Nous échangeons quelques paroles avec les personnes atablées à côté de nous. Ce sont trois amis qui viennent de Perpignan. L'ambiance est conviviale et le responsable d'un groupe de personnes d'un certain âge (notez comme je suis politiquement correct!) lance un hip hip hip hourra en l'honneur du cuisto. J'aime cette atmosphère bon enfant où les barrières tombent et où chacun semble amical et prêt pour la discussion. Les paupières se font de plus en plus lourdes et nous décidons de sortir profiter de l'air frais du soir, l'orage ayant quitté l'aplomb du dortoir. Les montagnes dans la pénombre du couchant révèlent des couleurs qui m'étaient jusque là inconnues. La neige, d'un rose pâle, semble bien plus accueillante qu'en pleine journée. Un guide, qui prête main forte aux gardien du gîte en ce samedi soir jour d'affluence, a sorti une lunette télescopique et l'a pointée sur des isards qui profitent eux aussi de l'accalmie pour sortir.

Malgré un lit de bonne qualité, la nuit est courte. Une bande de filles a décidé - allez savoir pourquoi! - de venir faire la fête dans ce refuge ce jour là. Je ne sais ce qu'elles fêtent mais elles viennent se coucher tard, sont saoules et réveillent tout les marcheurs qui dormaient déjà. Puis c'est au tour de mon voisin de chambrée de se mettre à ronfler copieusement. Son ronron durera toute la nuit perturbant mon sommeil.
Qu'importe tous ces détails. Debout à 6h, je me sens dans une forme olympique. Le petit-déjeuner me donne encore plus de force : le café noir, les tartines de pain beurré, le pain d'épice tout est là pour emmagasiner de l'énergie. Après une courte toilette à l'eau froide, l'eau chaude se paye en montagne, nous finissons nos paquetages que nous avons alléger pour grimper plus facilement. À 7h nous partons. Le soleil est déjà bien présent dans le ciel et présage d'une chaude journée du mois de Juin.

Nous longeons le lac d'En Beys en direction du sud ouest et de la couillade d'En Beys, grand col situé à 2350m. Le chemin balisé s'élève très rapidement le long d'un torrent. Notre progression quasi verticale se fait dans d'excellentes conditions : le soleil nous éclaire mais la chaleur est encore très modérée et après un quart d'heure seulement mes muscles sont chauds et prêts pour l'effort. Nous faisons quelques pauses et au bout d'une bonne heure nous atteignons le col. La vue est déjà saisissante : derrière nous, 400m en contrebas, les reflets du lac d'En Beys sous le soleil matinal et devant les étangs des Peyrisses. Le vent souffle et nous ne nous attardons pas. Nous quittons alors le sentier pour nous engager sur un terrain de haute montagne : herbes, neige et éboulis voilà le menu pour les deux prochaines heures. C'est à partir de ce moment là que les choses se compliquent. En effet nous sommes deux à connaître le milieu montagnard et l'escalade. Notre vitesse est donc bien plus importante dans ces terrains chaotiques que celle de nos camarades. Nous sommes donc obligés de couper notre rythme et je dois avouer que ces pauses, même courtes, sont pénibles. Je me fais une raison, nous sommes partis à cinq, nous faisons la route à cinq. De toute façon il est désormais nécessaire de choisir le meilleur itinéraire à travers les rochers et la neige donc ces arrêts sont idéaux. Nous choisissons de nous engager par l'Est en direction du sommet comme indiqué dans mon topo. Mais la progression devient plus difficile encore et il devient vital d'utiliser ses mains pour s'agripper au rochers ou aux herbes dans la pente. Je décide donc de revenir plus vers l'Ouest en traversant un névé dont la pente est de 30°. Cela ne semble pas énorme et pourtant, bien qu'ayant pris soin de passer en premier pour bien marquer les pas dans la neige, mes camarades ont beaucoup de mal à franchir cet obstacle. Je sens qu'ils sont fatigués et peu confiants. Le sommet n'est plus qu'à une centaine de mètre. Plus de neige ni d'éboulis. Seule une pente élevée recouverte d'herbe. Mais mon erreur sera fatale à notre ascension. En effet, ils me font part de leur besoin de faire une vraie pause et que malgré cela il ne sont pas sûrs de pouvoir arriver au bout. D'un commun accord nous décidons d'arrêter là notre course. De plus nous apercevons bien les sommets alentours et seul le sentiment d'arriver au sommet manque. Les nuages que nous voyons s'amonceler sur le versant espagnol nous pousse à ne pas traîner près des crêtes. Je n'ai jamais essuyé d'orage en montagne mais très honnêtement c'est bien une expérience qui, pour le moment, ne me manque pas.
Désormais il s'agit de trouver le bon chemin pour redescendre. Nous savons qu'il faut emprunter l'arrête Sud-Ouest afin de rejoindre l'étang Faury. Nous traversons, encore une fois, un éboulis, puis nous descendons à grande enjambées un couloir de neige. Je n'arrive pas vraiment à jauger de la dangerosité de ce genre de traversée. La neige semble bonne mais il faut se méfier de ces langues blanches qui peuvent se rompre sous votre poids et, sans parler d'avalanche, vous laisser vous fouler la cheville sur un rocher caché.  Quoi qu'il en soit nous gagnons du temps car la progression est très rapide. Nous arrivons sur un replat et je cherche grâce à ma boussole le Sud-Ouest. Sur un rocher qui me permet de me surélever, j'aperçois le fameux étang, encore gelé mais qui présente des zones d'un bleu azur. Je suis soulagé : un chemin bien tracé quitte le lac pour suivre un torrent qui redescend dans la bonne direction. Il ne reste plus qu'à atteindre ce lac, ce qui ne paraît pas, vu d'ici, si facile. Finalement, nous rallions le sentier en descendant sur des dalles rocheuses qui agrippent bien sous nos chaussures de rando. À partir de là nous retrouvons nos repères rouge et blanc, traditionnelles marques du GR, et suivons ce ruisseau dans un paysage mêlant la pierre, l'eau et la végétation de montagne, illuminé par le chaud soleil de cette fin juin.

Après cinq heures de marche effectives, nous regagnons le refuge où nous attendent une partie de nos affaires et les gardiens affairés à leur traditionnel ménage. Il est bon de s'asseoir et de manger. Les gardiens, qui nous ont reconnu, nous demandent comment s'est passé notre ascension et nous disent que cinq heures pour cette course c'est un bon temps. Il nous confirme que des orages sont prévus pour l'après-midi. Nous décidons donc de ne pas traîner même si une sieste serait bienvenue. Nous rempaquetons nos affaires et remettons nos chaussures. Encore deux heures de descente nous attendent.

Après une grosse demi heure, les premières gouttes d'eau tombent sur nos têtes et bientôt c'est un véritable déluge qui s'abat sur nous. Nous ne nous arrêtons pas et traversons la forêt dont le sol ruisselle. Finalement, en atteignant la piste dans le bas de la vallée la pluie se calme et nous regagnons facilement la voiture. La fatigue se lit sur nos visages mais quel bonheur, nous avons vu des paysages magnifiques, profité du beau temps malgré cette averse et passé deux jours exceptionnels entre amis.
Malgré l'abandon à quelques encablures du sommet nous avons pu profiter du panorama que la montagne offre et le bonheur de la randonnée était bien présent.

C'est sûr nous repartirons.

P1040276.JPGP1040285.JPGP1040298.JPG

Publié dans Rando

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article